Pendant mes séminaires, je propose parfois aux gens de mettre une main dans un seau d'eau chaude et l'autre dans un seau d'eau glacée, en même temps. Ils les laissent tremper pendant environ 15 secondes, puis les ressortent et placent leurs deux mains simultanément dans le seau d'eau tiède, entre les deux seaux extérieurs.
Je demande alors aux participants de décrire ce qu'il ressentent dans chaque main. Ils rapportent tous que la main qui s'était trouvée dans l'eau glacée ressent l'eau tiède comme étant chaude, alors que la main qui s'était trouvée dans l'eau chaude, à l'impression que la même eau tiède est froide...
Comment se peut-il que l'eau d'un même seau puisse sembler chaude pour une main, et froide pour l'autre ? Du point de vu de la conscience corporelle, c'est un paradoxe dualiste. Tout comme Einstein avait déjà observé qu'un problème ne peut pas être résolu au même niveau où il a été créé, ce paradoxe sensoriel ne peut se résoudre au niveau des seaux, c'est-à-dire de la pensée linéaire.
Confronté à ce paradoxe frustrant, le mental fait ce qu'il sait si bien faire-il décide. Il choisit l'un ou l'autre. Du point de vu limité de la pensée linéaire, la température du seau ne peut pas être à la fois chaude et froide en même temps.
Toutefois, une autre partie de nous – l'observateur, que j'appelle Témoin conscient – possède une conscience plus large et plus intégrative. Le témoin à conscience des sensations et sait aussi où les mains se trouvaient quelques instants auparavant. Cet observateur intérieur peut s'élever au-dessus des « dualités en duel », perçues par nos sens, et bénéficier ainsi d'une vue d'ensemble, plus globale. (...)
Confronté à ce paradoxe apparent, vous élèveriez instinctivement votre conscience à un niveau supérieur pour le résoudre.
Cependant, lorsque des sujets très chargés émotionnellement ravivent des sentiments pénibles, ce témoin, cette partie plus sage en nous-même, n'est plus accessible. La « petite voix tranquille » du Témoin conscient est étouffée par des sentiments conditionnés.
Nous oublions que nous interprétons la réalité uniquement sur la base de nos sensations et interprétations, basées sur des expériences passées qui, la plupart du temps sont déformées.
Accepter « ce qui est » (le seau du milieu), au lieu de percevoir les choses à travers les distorsions de la personnalité, de ses croyances et attentes conditionnées, nous donne accès à une conscience élargie, dans l'instant présent. Rester présent avec « ce qui est » est la clé de la transformation et de la guérison.
Léonard Laskow dans Par Don d'Amour